C'est sur un blog consacré aux films d'horreur que j'ai entendu parler de "Morse". Quand j'ai lu le titre, j'ai pensé à la grosse bebête bien grasse étalée sur sa banquise; et je me suis dit "Z'ont pas osé quand même!!". OUF, non, c'est pas un morse tueur lol.
Morse est un film particulier, avec des acteurs qui ont des noms de meuble Ikea (oui le film est suédois, c'est facile comme comparaison), pas tant dans le thème mais plutôt dans son esthétique glacée.
Le film s'ouvre sur un plan mettant en scène un petit garçon blond qui est assis dans un square enneigé. On est tout de suite mis dans l'ambiance, on va pas s'éclater en regardant ce film, ni même se payer une bonne tranche de rigolade.
C'est même plutôt le contraire, quand je dis glacial, c'est vraiment le mot. L'histoire se déroule dans les années 80, avec les fringues moches et les coupes au bol. Et en Suède. Il fait froid, il neige...
On suit donc l'histoire d'Oskar, petit garçon solitaire qui vit avec sa maman. Mal aimé, chahuté par ses camarades de classe, il a tout pour lui le pauvre. Il fait vraiment pitié, il fait mal au coeur.
Arrive dans son voisinat l'étrange Eli. A peine plus agée que lui, elle se prend d'amitié pour Oskar. Lui est un peu plus perturbé par Eli. Il trouve en elle une oreille réconfortante, une force qu'il n'a pas.
Oui mais Eli se balade en T-shirt par -15°, ne sort que la nuit. Oui, Eli est un vampire. Mais c'est pas Dracula avec sa cape, c'est pas non plus Robert Pattinson qui brille au soleil.
Non, c'est un vampire stricto sensu. Elle ne vit pas non plus dans un cercueil, mais son univers est hyper morbide. Ses attaques sont vraiment animales.
Elle est perturbante, Eli. Et pas seulement pour Oskar. On oscille entre dégoût et compassion pour cette pauvre petite fille si fragile mais si mortellement dangereuse.
Elle transforme peu à peu Oskar, elle le guide, elle l'aide à se rebeller contre les petits cons de sa classe. Sauf qu'évidemment ça va se barrer en cacahuète.
Je ne saurais dire si j'ai aimé ou pas ce film. C'est filmé tout en retenue, les "bons" sentiments sont présents sans jamais verser dans le larmoyant. On a envie de secouer Oskar, de donner des claques aux autres protagonistes, tous plus cons les uns que les autres. Non pas cons au sens de stupide, mais on tombe souvent dans la "beaufitude" ordinaire.
Les scènes d'horreur sont présentes, mais jamais de trop, on n'est pas dans la surenchère. Le réalisateur (dont le nom est plus croustillant qu'un paquet de Krisprölls) nous offre un joli crescendo dans l'histoire, avec une scène finale prévisible, mais assez marquante.
En dehors du thème "vampiresque", on a une jolie chronique d'une enfance solitaire, d'une amitié improbable, de la cruauté des enfants envers les plus faibles.
Certains, je le sais d'avance et je les comprends, trouveront ce film chiant, parce qu'il ne se passe pas grand-chose, mais c'est justement ce qui fait son interêt.
Avec une mention spéciale pour les 2 jeunes acteurs qui sont vraiment époustouflants de sincérité.
Par contre, je veux taper les traducteurs!! Le titre suédois est "Lat den rätte komma in", ce qui peut se traduire par "Laisse-moi entrer". Les experts en vampires comprendront pourquoi. Alors que "Morse"!!! Soi-disant pour rappeler que c'est comme ça que nos ados communiquent (séance d'environ une minute dans le film...), ça rappelle vaguement une morsure, soit. Mais bon, "laisse-moi entrer" était quand même plus parlant, la laisser entrer dans sa vie, dans son coeur, dans sa chambre...
Pour une fois, les américains (qui ont sauté sur le synopsis pour l'adapter à leur sauce) n'ont pas dénaturé le titre, traduit par "Let me In". Il parait qu'ils en ont fait un film différent. J'ai pas encore vu. Mais ça ne saurait tarder!